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Si ça brûle, c'est que ça travaille...ou pas!


Combien de fois entendons-nous cette phrase à la salle, combien de fois peut-être même l’avons-nous prononcée ! La brûle musculaire, ce sentiment que notre muscle est au max de sa puissance, que l’on a tout donné sur l’exercice et que c’est le signe qu’il va grossir et devenir plus fort. Vous savez, elle intervient généralement à la fin d’une série, sur les 5 dernières répétitions et on lutte contre elle en se disant que c’est maintenant qu’il faut tout donner. Quand on sent ainsi notre muscle brûler de l’intérieur, quand les enfers ont envahi notre corps (oui toujours plus), on est satisfait/e de notre séance, on se sent au max de nous-même.

Mais en fait, c’est quoi qui brûle ? Est-ce vraiment le signe que l’on construit du muscle ?

On va d’abord répondre directement à la question de manière simple pour que tout soit bien clair, ensuite pour les plus curieux/ses on entrera dans les détails biochimiques (mouahahahah 😈 ).




Répondons donc immédiatement :


Non, la brûlure n’est pas le signe que nous sommes au max de notre croissance musculaire et qu’il ne faut rien lâcher car c’est maintenant que ça travaille. La brûlure c’est seulement le signe que notre corps est entrain de produire de l’énergie. C’est aussi l’un des éléments qui nous permet de savoir que nous sommes en plein stress métabolique. Mais le stress métabolique pris isolément n’est pas un facteur de croissance musculaire.


Représentation de la sensation de brûlure musculaire



Justifions simplement à présent que nous avons répondu :


Alors, c’est quoi qui brûle ? La brûlure est en fait due aux « déchets » métaboliques qui s’accumulent dans notre sang, or notre sang irrigue nos muscles, donc nos muscles sont gorgés de sang plein de déchets métaboliques. Les déchets métaboliques ne sont toutefois pas si méprisables que leur nom le laisse croire. Ce sont pas des sheitan mauvais pour nos muscles, pas du tout, ce sont en fait les sous-produits de processus métaboliques. Rappelez-vous, dans l’article sur l’injustice métabolique, nous comprenions que le métabolisme est le nom donné à l’ensemble des transformations chimiques qui ont lieu dans nos cellules. Souvent ces transformations laissent des résidus, des sous-produits.

Quand le muscle travaille, que l’on fait des efforts, il doit être alimenté en énergie. Celle-ci provient soit de notre alimentation, notamment du glucose alimentaire (produit par le catabolisme des glucides que l’on mange), soit des substrats déjà présents en nous (acides gras, glycogène musculaire ou hépatique, en dernier recours acides aminés). Le glucose est oxydé pour être transformé en énergie. Cette énergie que nos muscles utilisent, c’est l’ATP (adénosine triphosphate).

Quand notre effort est tenable sur une longue durée, l’énergie est produite par l’oxydation des substrats énergétiques (acides gras et glucose notamment). Il n’y a pas de formation de sous-produits métaboliques dans la mesure où tout est oxydé et transformé en énergie.

Mais parfois on fait des efforts qui augmentent notre rythme cardiaque de ouf, qui font que l’on est à bout de souffle (comme enchaîner 12 répétitions explosives au squat à 80% de sa 1RM, ou encore taper un sprint). Dans ce cas-là, le corps a besoin d’être fourni en énergie très rapidement, or la voie aérobique (qui utilise l’oxygène pour cataboliser les substrats métaboliques) est trop lente. Ainsi le corps passe par la voie anaérobique (sans oxygène) pour produire de l’énergie. C’est là qu’intervient un processus biochimique que l’on appelle « anaérobie lactate », qui permet de produire très vite de l’énergie et qui a pour conséquence une accumulation de sous-produits métaboliques (lactate, ions hydrogènes, phosphates). Lorsque ces métabolites ne sont pas évacués, ils stagnent dans le sang et les muscles. C’est cela qui peut causer parfois la sensation de brûlure.


Redisons-le donc, la brûlure n’est pas le signe que tout est en train de se jouer pour notre croissance musculaire, c’est juste le signe que l’on accumule de la fatigue musculaire (perte de force, d’explosivité, de récupération) et des métabolites parce que notre corps se débrouille pour produire de l’énergie rapidement. C’est tout ! Cependant on ne peut pas nier que cette petite sensation de brûlure est fort agréable lorsque l’on est un peu masochiste de l’entrainement et qu’on est content.e de la ressentir 😉.




Entrons maintenant dans les détails biochimiques !


Pour produire de l’énergie, nous avons vu que le corps utilise le glucose présent dans le sang par l’alimentation, ou le glycogène présent dans les muscles comme réserve d’énergie. Le glucose est converti en pyruvate. Quand l’effort est modéré et que la demande en énergie n’est pas instantanée, il n’y a pas de problème pour oxyder complètement le pyruvate. Il y a donc un catabolisme du glucose qui permet de produire du pyruvate qui lui-même est dégradé (catabolisé) en énergie dans le cycle de Krebs. Il permet de produire de l’ATP qui est hydrolysée, c’est à dire dégradée en ADP (adénosine diphosphate) produisant des ions hydrogènes et des phosphates.


Le cycle de Krebs a lieu dans la mitochondrie

Aparté : Le cycle de Krebs est le nom donné à la voie métabolique qui dégrade les glucides lipides et protéines et produit des substrats énergétiques qui assurent les besoins en énergie de la cellule. Il a lieu dans les mitochondries de la cellule (les centrales d’énergie de la cellule).






Quand l’effort est intense et bref, l’énergie doit être produite rapidement. Elle va alors être produite par une voie anaérobique (sans oxygène), car cette voie est plus rapide que la voie aérobique. Dans ce cas là, le pyruvate est dégradé en lactate (confondu à tort avec l’acide lactique, dont il est en fait un anion). Le lactate quitte alors la cellule pour aller dans la circulation sanguine et dans le foie notamment, où il pourra être reconverti en pyruvate puis en glucose via la néoglucogénèse en aérobie (cycle de Cori). Il fera alors de l’ATP qui sera hydrolysée en ADP + Pi + H+. Si le taux de lactate sanguin produit dépasse le taux d’utilisation des lactates (dans la néoglucogénèse), alors les lactates s’accumulent (logique vu qu’ils ne sont pas éliminés). On a associé l’accumulation des lactates à la brûlure, par la confusion entre l’acide lactique et les lactates. Or ce ne sont pas les lactates qui produisent une acidose dans la cellule, mais les ions hydrogènes H+ accumulés lors de la production d’énergie. Tant que l’effort est modéré, donc que la demande en énergie n’est pas instantanée, ces protons sont oxydés. Mais dès lors que la production d’énergie doit se faire instantanément, les sous-produits métaboliques s’accumulent (lactate, phosphate, ions hydrogène H+) et l’on peut ressentir la fameuse brûlure. Terminons en ajoutant que le lactate est en réalité alcalinisant (il augmente le PH) et NON acidifiant (diminue le PH) car il consomme 2 protons, il diminue donc l’acidité due aux protons hydrogènes.



Aparté : Le cycle de Cori est une boucle métabolique qui permet de recycler le lactate du à la dégradation du glucose pour reproduire du glucose et de l’énergie.



Cycle de Cori




En définitive, la brûlure est ressentie lors d’un stress métabolique où il y a accumulation de sous-produits métaboliques (lors d’une tension continue ou d’une occlusion vasculaire). Cela ne signifie cependant absolument pas que la brûlure est le signe d’une croissance musculaire optimale. C’est le signe d’une fatigue musculaire, d’un ensemble de processus biochimiques en cours dans votre corps, d’une forte accumulation de sous-produits métabolique, mais c’est tout ; )




Sources :

* https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/16573355

* https://www.cairn.info/revue-staps-2001-1-page-63.htm#

* https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15308499

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